Enrica Porcari (cheffe du département Technologies de l’information), John Ellis (Sharing Knowledge Foundation), Rayan Saiid (ambassadeur, représentant permanent adjoint du Liban à Genève), Joachim Mnich (directeur de la Recherche et de l’informatique) et Martin Gastal (conseiller pour les relations avec le Liban) entourés des serveurs (Image: CERN)
Un an et demi après l’explosion survenue dans le port de Beyrouth, le Liban se relève difficilement d’une grave crise économique et sociale qui paralyse cet état partenaire du CERN et dont quatre universités sont affiliées à la collaboration CMS. L’entraide internationale est plus que jamais nécessaire pour préserver l’excellence académique du pays et sa communauté scientifique. Dans ce contexte, les événements tels que le don de serveurs informatiques du CERN au Liban représentent autant de lueurs d’espoir pour le pays meurtri.
C’est un projet de longue haleine qui voit sa concrétisation assurée depuis ce vendredi 14 janvier. Joachim Mnich (directeur de la Recherche et de l’informatique du CERN) et Enrica Porcari (cheffe du département Technologies de l’information au CERN) ont rencontré au CERN des représentants de la communauté scientifique libanaise, des fondations apportant leur support financier, ainsi que l’ambassadeur du Liban auprès des organisations internationales à Genève. Le projet HPC4L, initié par le conseiller du CERN pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Martin Gastal, ambitionne depuis 2016 de renforcer les capacités de recherche du pays avec la participation du CERN, dont le département des Technologies de l’information (IT) lui alloue des serveurs informatiques. Ces serveurs doivent permettre le développement de la capacité de calcul informatique à disposition de la communauté académique nationale en vue de soutenir toute activité de recherche (y compris en physique des hautes énergies). Leur acheminement vers le Liban s’est avéré compromis par la crise frappant le pays, celle-ci ayant réduit les fonds disponibles des instituts libanais.
C’est donc au terme d’une campagne de collecte de dons réussie, organisée par la collaboration CMS et la Fondation Partager le savoir (SKF), que les ressources ont pu être réunies pour assurer l’expédition des équipements, l’achat de matériel permettant leur installation et la formation de personnel technique libanais au CERN. La communauté scientifique internationale et la diaspora libanaise, qui se sont montrées particulièrement généreuses, ont contribué à faire de cette campagne de collecte de dons, et donc de ce projet menacé, un succès qui illustre la solidarité envers les institutions académiques du Liban et permettra de renforcer les capacités de recherche du pays. L’engagement de l’ambassade de France au Liban, qui mobilise une aide financière pour participer aux frais de formation du personnel libanais en charge du fonctionnement et de la maintenance des serveurs informatiques, a également facilité la mise en œuvre concrète du projet.
Les fonds étant désormais réunis, les serveurs en question mettent immédiatement le cap sur le Liban par cargo maritime et seront réceptionnés par leurs nouveaux propriétaires et utilisateurs libanais au port de Beyrouth.
Le CERN envoie 144 serveurs de calcul, contenant un total de 3456 cœurs. En outre, le CERN fournit une capacité de stockage en envoyant 24 serveurs de disques qui fourniront plus de 1 pétaoctet. Ces équipements proviennent du centre de données du CERN, qui constitue le cœur de la Grille mondiale de calcul du LHC (WLCG), utilisée pour stocker et analyser les données des expériences du LHC.
Ces équipements seront ensuite installés dans un centre de calcul dédié dont le fonctionnement sera assuré par un consortium public/privé. Le personnel technique doit être accueilli et formé au CERN par des experts de CMS après l’installation des serveurs, en mars 2022. Passée cette dernière étape, les universités pourront commencer à utiliser cette installation comme outil pour développer leurs recherches et participer à la Grille de calcul mondiale pour le LHC, qui comprend 170 centres informatiques dans 41 pays à travers le monde.
Le chemin parcouru depuis les prémices du projet aura été long et tortueux. Néanmoins, un dénouement heureux est désormais en vue, grâce à la persévérance de tous ceux et celles qui, au Liban, en Europe et partout dans le monde, ont investi leur temps et leurs ressources pour participer à la consolidation de la recherche scientifique dans le pays.
Pour en savoir plus sur le projet et ses partenaires (MoT/OGERO, AUB, LAU, USJ, LU, USEK, BAU, CNRS, Tamari Foundation, Eudoxia Foudation…), visitez le site du projet.
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Depuis 2012, le CERN fait régulièrement don de matériel informatique ne répondant plus à ses besoins très spécifiques en terme de rendement, néanmoins plus que suffisant pour des environnements moins exigeants. À ce jour, un total de 2524 serveurs et de 150 commutateurs réseau ont été donnés à des pays et organisations internationales, à savoir l’Algérie, la Bulgarie, l’Équateur, l’Égypte, le Ghana, le Mexique, le Maroc, le Népal, la Palestine, le Pakistan, les Philippines, le Sénégal, la Serbie, ainsi que le laboratoire SESAME en Jordanie. Le CERN s’efforce de maximiser son impact positif sur la société : ces dons peuvent jouer un rôle important en offrant des opportunités aux chercheurs et aux étudiants dans leur pays d’origine, contribuant ainsi à éviter les scénarios dits de « fuite des cerveaux ».